Dans ce rapport, le premier du genre au Canada, les politiques de 16 ministères et organismes fédéraux ont été évaluées d’après leur capacité à favoriser une communication ouverte, à protéger contre l’ingérence politique, à permettre une libre expression et à protéger les divulgateurs d’actes répréhensibles. Plus de 86% de ces ministères et organismes ont reçu une note égale ou inférieure à C. En comparant ces notes à celles obtenues par les agences fédérales des États-Unis (d’après un rapport de l’Union of Concerned Scientists), un seul ministère canadien s’est hissé au-dessus de la moyenne américaine.
«La grande majorité des politiques concernant les médias ne permettent pas une communication ouverte entre les scientifiques de la fonction publique fédérale et les médias», d’après Katie Gibbs, directrice générale d’ED et co-auteure du rapport. «La plupart des politiques n’offrent pas une protection suffisante contre l’ingérence politique dans les communications scientifiques.»
L’étude montre une grande variation dans les politiques de communications des différents ministères et organismes. Le ministère de la Défense nationale et le Conseil national de recherches ont tous deux obtenus un B pour leur appui au principe de communication ouverte. Toutefois, quatre ministères et organismes ont reçu une note d’échec pour leurs politiques qui favorisent un contrôle serré du message au détriment d’une communication ouverte: l’Agence spatiale canadienne, Travaux publics et services gouvernementaux, Industrie Canada et Ressources naturelles Canada.
Ces constats surviennent dans la foulée d’allégations selon lesquelles le gouvernement censurerait ses scientifiques, ainsi que d’un récent sondage rapportant que les scientifiques eux-mêmes perçoivent d’importantes entraves à leur liberté d’expression. Le rapport d’ED présente plusieurs recommandations dont la mise en œuvre pourrait améliorer les communications entre les scientifiques de la fonction publique fédérale et le public canadien.
«Les scientifiques du gouvernement fédéral sont des fonctionnaires possédant un savoir-faire essentiel», d’après Arne Mooers, professeur en biodiversité à Simon Fraser et conseiller dans la préparation du rapport. «Il faut les encourager à informer le public dans leurs domaines d’expertise, car seul un public informé est en mesure d’évaluer le bien-fondé des actions proposées par le gouvernement qu’il a élu. Renforcer la communication entre les scientifiques et le public, c’est renforcer notre démocratie.»